« L’enfant cachée » de Loïc Dauvillier

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L’enfant cachée

Scénario de Loïc Dauvillier

Dessins de Marc Lizano

Couleurs de Greg Salsedo

Editions Le Lombard

Surprenant sa grand-mère recueillie sur de vieilles photos, Elsa l’incite à lui confier les raisons d’une tristesse qu’elle ne parvient pas à dissimuler. La vieille dame va alors lui dévoiler un passé dont elle n’a jamais parlé à personne, livrant l’histoire de la petite fille qu’elle était pendant l’occupation, une petite fille juive qui ne savait pas encore ce qu’être juif voulait dire. Des premières brimades subies à l’école à l’arrestation brutale de ses parents, qu’elle entend cachée dans un double fond de l’armoire familiale, la montée de l’exclusion et des persécutions est esquissée avec justesse, faite d’une succession de détails et de scènes mémorisées par une enfant jusqu’alors insouciante. C’est ensuite le récit de sa fuite et, une fois à l’abri, de sa longue attente angoissée : retrouvera-t-elle un jour ses parents ?

Les personnages secondaires restituent parfaitement l‘ambiance de cette période, révélant le pire comme le meilleur de chacun. La concierge délatrice, l’institutrice antisémite, les voisins et la fermière prêts à mettre leurs vies en danger pour sauver quelques-uns des persécutés, en sont autant de figures emblématiques. La petite Dounia, elle, est constamment bouleversante. En centrant son histoire sur elle, avec un scénario simple mais habile, Dauvillier parvient à faire passer beaucoup de choses essentielles. Les questions d’Elsa ponctuent le récit de sa grand-mère, dont celle, cruciale, à laquelle nul ne peut répondre. Pourquoi ?

La mise en couleurs de Greg Salsedo, dans une palette de tons doux mais sombres à dominante sépia, installe une atmosphère oppressante qui fait écho à la détresse de cette enfant, contredisant ainsi le trait rond et faussement naïf de Marc Lizano. La simplicité du découpage, des dialogues courts et un vocabulaire facile, permettent de mettre cette période de l’histoire à la portée des plus jeunes. Mais au-delà de cette page d’histoire, c’est l’enfance injustement bouleversée par la sauvagerie des adultes qui est au cœur de cet album. Le douloureux parcours de Dounia touchera tous ses lecteurs et fera naître de difficiles mais salutaires questions.

Marie H.

Une réponse

  1. Pingback: Un Petit Bout de Bib(liothèque) | petit aperçu de ma bibliothèque

  2. Bonjour,

    Merci pour votre article… très touchant…
    Ça fait beaucoup de bien aux émotions 🙂
    Merci !

    Christinie… une des intentions du livre était de déclencher des discussion entre les enfants et les adultes… rien que pour votre témoignage, je suis heureux d’avoir fait ce livre :).

    Merci pour le soutien apporté à ce projet…

    Deux petits petits points… Le dessinateur se nomme Marc Lizano… et le titre est « L’enfant cachée ».

    • OUPS ! erreurs corrigées, merci pour cette relecture et de votre commentaire. C’est toujours agréable l’intervention des auteurs sur le blog. merci, merci….

      • Accepter d’être publié, c’est vouloir être lu. Je pense…
        Donc, c’est toujours intéressant de lire les retours de lecture.
        Surtout lorsqu’ils proviennent d’amoureux des livres.

        Lorsque je découvre un blog qui parle d’un de mes ouvrages, je me trouve logique de laisser une trace… et d’échanger.

        Pour les bibliothèques… connaissez vous cette exposition ?
        http://www.ajpn.org/lenfantcachee

        • Merci pour le lien de l’expo, en effet, très intéressant pour les bibliothèques et la poursuite d’une action autour de votre ouvrage.

          • Nous venons de recevoir une proposition d’une compagnie de théâtre.
            Elle souhaite adapter l’album en spectacle pour enfant… ça nous a fait drôlement plaisir. Si l’album peut permettre de libérer la parole et de participer au devoir de mémoire, c’est bingo !

  3. Mon fils de 9 ans a adoré, s’en est suivie une discussion riche sur la notion d' »Humanité » au sens large, avec une profonde réflexion sur les valeurs que l’on choisit dans la vie, à titre individuel ou collectif… Simple et émouvant.