Archives de Tag: mort

« Mon cauchemar et moi » de Yohan Sacré

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Mon cauchemar et moi

Yohan Sacré

Ed Manolosanctis – Collection Styx

Très très sombre, ce cauchemar. Malgré les tons doux de sa palette, le trait enfantin de son graphisme, le velouté du papier de l’album, c’est un conte bien cruel et la dernière vignette ne laisse aucun espoir.

Un petit garçon aux grands yeux confiants s’égare au pays de ses songes et rencontre un gros monstre noir, solitaire et malheureux, qui propose de le guider. Son univers est étrange, quelque fois absurde, souvent inquiétant. Mais il se montre bienveillant et n’espère rien autant que son amitié. L’enfant se sent pourtant confusément menacé, comme avalé par ce monde dont il ne sait plus s’il est vraiment un rêve. Jusqu’au moment où le monstre lui livre son nom : Tumeur.

Pour son premier album, Yohan Sacré s’attaque au sujet le plus tabou qui soit et son traitement graphique, en décalage avec la noirceur du propos, est vraiment intéressant. Ce mélange doux-amer a manifestement séduit les bédéphiles. Quant aux jeunes lecteurs, il faudra sans doute accompagner leur lecture et répondre à de nombreuses questions embarrassantes.

Manolosanctis est une maison d’édition participative spécialisée dans la bande dessinée, qui s’adresse autant aux internautes bédéphiles qu’aux jeunes auteurs qui souhaitent faire connaître leur travail et acceptent de le mettre en ligne gratuitement. Les membres inscrits peuvent communiquer avec les auteurs et participent à la politique éditoriale, en sélectionnant les œuvres qui leur paraissent mériter une édition en format papier. Cette bibliothèque, en constante évolution, est une véritable pépinière de talents à surveiller attentivement.

Marie H.

« Il faut le dire aux abeilles » de Sylvie Neeman

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Il faut le dire aux abeilles

Texte de Sylvie Neeman

Photographies de Nicolette Humbert

Ed La joie de lire, 2011

De magnifiques photographies de Nicolette Humbert au service du texte plein de tendresse de Sylvie Neeman. Un superbe album qui évoque le thème difficile de la mort, de l’absence…La douleur, le manque de l’être cher est traité sous la forme d’une métaphore :

«  Quand un apiculteur meurt,

Il faut le dire à ses abeilles.

 Si on ne leur dit rien,

Elles ne comprennent pas ce qui se passe,

Pourquoi il ne vient plus les voir.

Elles volent dans tous les sens,

Elles sont perdues, énervées aussi…. »

«  Quand un apiculteur meurt,

Il faut aller le dire à ses abeilles,

Elles ont le droit de savoir.

Inutile de leur raconter qu’il est parti pour un long voyage ;

Inutile de faire semblant que c’est une bonne nouvelle ;

Inutile de prétendre qu’il est au ciel

Et s’amuse avec les anges.

On ne sait pas.

Ca, on peut le dire.

On peut dire aux abeilles qu’on ne sait pas…. »

Le texte simple, poétique nous émeut, nous porte et nous rappelle que la vie continue malgré tout…

Laurence P.

« L’accident » d’Agnès Aziza

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L’accident

Agnès Aziza

Ed Gründ, collection Romans

Le roman commence de façon brutale par une préface.  » Mon grand frère Henri est mort à quinze ans trois jours et vingt heures d’un accident de scooter. » « Il faisait beau ce vendredi d’avril et je m’en souviens comme si c’était hier… » Et le roman commence en flashback : Vanessa a une interro d’anglais ce matin au collège. Au petit déjeuner elle se chamaille avec son frère, Henri. Puis c’est le départ au collège, Vanessa veut que son frère l’emmène en scooter. Celui-ci refuse, il part seul. C’est la dernière fois que Vanessa le verra vivant.

Un surveillant interrompt le cours et demande à Vanessa de le suivre chez le principal. Dans le bureau elle retrouve son père venu la chercher et lui annoncer la terrible nouvelle. Henri a eu un accident de scooter. C’est très grave. Les médecins l’opèrent à l’hôpital. C’est la descente aux enfers. Une foule de questions se bousculent dans la tête de Vanessa. La famille soudée se retrouve dans la salle d’attente de l’hôpital. Le diagnostic tombe. Henri, s’il sort du coma, peut rester dans un état végétatif partiel. Vanessa n’ayant pas l’autorisation de voir son frère rentre chez elle, accompagnée de ses grands parents.

Dans la soirée le téléphone sonne. Henri est mort. A cet instant Agnès Aziza fait une description poignante du chagrin, de la colère, de la rage que Vanessa exprime après la mort de son frère.

Ce roman est bouleversant de tristesse, d’émotion, d’amour, de mort et de vie bien sûr. Agnès Aziza nous offre en cinquante pages un texte fort, une épreuve douloureuse et également un témoignage d’espoir et de vie. La maquette est simple, épurée. La première de couverture illustre parfaitement l’atmosphère du roman. Un casque, sangle détaché sur un grand fond blanc…le néant. Bravo Agnès Aziza ne nous faire pleurer de façon si belle.

Thierry B.