Archives de Tag: maltraitance

« Les souliers écarlates » de Gaël Aymon et Nancy Ribard

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Les souliers écarlates

Gaël Aymon, illustrations de Nancy Ribard

Ed Talents Hauts

Soutenu par Amnesty internationale ce conte aborde le sujet sensible des femmes battues.Une princesse délicate, magnifique est la femme d’un homme grand et fort qui l’a bat et la considère comme sa chose, sa poupée, son jouet. Enfermée dans un palais/prison doré elle souffre en silence de la maltraitance de son époux. Comme ce dernier la couvre de cadeaux pour se faire pardonner et se donner bonne conscience vis à vis des invités, elle lui demande, un jour, de lui offrir des souliers de satin rouge que fabrique un cordonnier du royaume. La nuit venue ses souliers lui permettent de s’évader. Le mari découvre la ruse, la troisième nuits. Il suit son épouse, se jette sur elle poings fermés. Mais la belle réussira à se sauver et à se libérer de la violence de son mari.

Gaël Aymon dans la tradition du conte, nous livre une histoire poignante. Il délivre un message aux jeunes lecteurs et leurs familles.  Il fallait son style, sans détours, tout en finesse pour parler de ce sujet. Cet ouvrage est réhaussez par les illustrations contemporaines de Nancy Ribard. Un mari imposant, une épouse frêle au teint de porcelaine, et puis il y a la couleur. Les rouges attirent l’attention. Rouge pâle, presque rosé des pommettes. Rouge puissant de la colère. Rouge profond, rouge pourpre, rouge écarlate et j’en oublie tant la palette de Nancy Ribard est riche et variée.

Pour parfaire l’objet livre, des pages de garde au motif de dentelles « gouttes de sang » rouge écarlate.

« Sans toi, papa… » de Sophie Rigal-Goulard

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Sans toi, papa…interessant

Sophie Rigal-Goulard

Oskar Editeur

Même âge, même classe, Florentin et Tony ont également en commun de vivre dans une famille monoparentale. Mais Florentin, discret et solitaire, devient dès son premier jour le souffre-douleur de sa classe de CM2. Il faut dire qu’il arrive de Paris, ce qui pourrait suffire quand on est à Marseille et que l’on vit au rythme des matches de l’OM. Il est de plus excellent élève, ne montre aucune aptitude pour le sport et évite tout rapport de force. Bref, une lavette. Tony, lui, est le chef incontesté d’une bande de prédélinquants et il se soucie peu de ses résultats scolaires. Il se bat souvent, rien ne l’impressionne et il a la peau dure. Ca fait déjà longtemps que, du haut de ses dix ans, il encaisse bien plus que ça à la maison. Alors le nouveau, avec ses airs de fils à maman premier de la classe, il a bien l’intention de lui mener la vie dure.

Si le récit aborde les sujets de la maltraitance et du jeu des apparences dans une toute jeune construction sociale, c’est le manque qui est au cœur de ce roman à deux voix. Manque causé par l’abandon du père pour Florentin, écartelé depuis entre le chagrin, la rancune et l’espoir de le voir revenir vivre en famille. Manque d’amour pour Tony, privé de mère dès la naissance et qui a transformé sa douleur en violence, contre les autres autant que lui-même. Trop différents déjà, marqués par leurs origines sociales, ces deux-là ne deviendront pas amis, mais ils pourront, à la d’un évènement déclencheur, tenter de se comprendre et s’aider mutuellement. Loin de tout happy end béat et de rédemption improbable, ce court roman explore avec réalisme et justesse les rapports de pré adolescents et la difficulté de se construire, entre héritage familial et découverte de l’altérité.

Marie H.