Archives de Tag: Historique

 » Les colombes du Roi-Soleil  » d’après les romans de Anne-Marie Desplat-Duc

Par défaut

Les colombes du Roi-Soleil

T.01 : Les comédiennes de Monsieur Racine

D’après les romans de Anne-Marie Desplat-Duc

Scénario de Roger Seiter

Dessins de Mayalen Goust

Editions Flammarion

Adaptation d’une prolifique série (11 tomes déjà…) commencée en 2005 et dont le succès en bibliothèque ne faiblit pas, ce premier tome est plutôt une très bonne surprise. Loin du produit formaté que l’on pouvait craindre, il s’agit d’un album de belle qualité. Un bref rappel pour ceux qui seraient passés à côté du phénomène : la Maison Royale de Saint-Louis a été créée à la fin du XVIIème siècle par Madame de Maintenon pour donner une éducation et un avenir aux jeunes filles de familles pauvres, mais de bonne noblesse. Ce premier titre s’intéresse plus particulièrement à quatre d’entre elles, Hortense, Isabeau, Charlotte et Louise, tandis qu’un évènement bouleverse la rigide monotonie de l’établissement : le célèbre dramaturge Racine écrit une pièce, spécialement à leur attention, qu’elles seront amenées à jouer devant le roi lui-même.

Roger Seiter a su tirer parti de la trame d’origine pour construire une histoire vivante et sensible, reposant essentiellement sur les dialogues. Ce volume s’achève sur les confidences des quatre amies, chacune d’elle formulant ses espoirs pour l’avenir, toutes se jurant fidélité et entraide. La série annoncée est ainsi fortement ancrée dans l’attente d’une suite pour des personnages attachants qui ont su nous accrocher à leurs destins. Mais sa réussite repose sur le travail de Mayalen Goust. Son trait, ferme sans être rigide, où visages et silhouettes stylisés se détachent nettement dans des décors épurés, mais d’une précision documentaire, est mis en valeur par une mise en page classique qui privilégie la lisibilité. Un exemple, qui pourrait passer pour un détail mais sur plus de soixante pages, c’est un détail qui compte : les bulles – des pavés rectangulaires encadrant une typographie discrète – sont reliées aux locuteurs par de très fines lignes courbes qui allègent considérablement des planches où les dialogues occupent une surface importante. L’illustratrice joue en outre habilement de la couleur, dans une gamme de tons chauds et contrastés qui se détachent sur de larges réserves blanches. Séduisant, élégant et raffiné, son graphisme épouse parfaitement le récit et nous plonge avec ravissement dans l’Histoire.

Nous avions déjà remarqué Mayalen Goust pour ses illustrations de contes classiques – dont une très jolie Blanche-neige chez Père Castor. Ce passage à la bande dessinée lui fait honneur et nous fait espérer bien d’autres albums.

Marie H.