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« Ennemis intimes » de David Hill

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ennemisintimesEnnemis intimes

David Hill

Traduit de l’anglais (Nouvelle Zélande) par Dominique Piat

Editions Flammarion – Collection Tribal (Première édition 2004)

Quand Slade et Mallory se rencontrent pour la première fois, on ne peut pas dire que ce soit un coup de foudre. Plutôt l’inverse, même. Elle le regarde de haut, élève modèle issue de milieu privilégié, tandis qu’il n’a qu’une envie, lui donner un bon coup de pied dans les fesses. Ennemis intimes, ce pourrait être juste l’évolution de leurs relations, vouées à se transformer en jolie histoire d’amour un peu mièvre, d’autant plus fastidieuse que l’écriture en est un peu sèche et assez formatée. Mais le vrai sujet n’est pas là. Car Slade entrevoit vite chez Mallory, au delà de sa perfection affichée, une détresse qui ne peut être verbalisée. Des signes presque imperceptibles, un regard attrapé par hasard, de petites blessures, superficielles certes, mais qui apparaissent trop souvent sous les manches de ses pulls… Une fois identifié le danger qui menace celle dont il tombé amoureux malgré lui, Slade se sent dépassé. Car il comprend vite que l’amour ne suffira pas.

L’automutilation comme symptôme d’un mal être adolescent est ici traité dans un récit court et facile à lire. Si un sujet ne suffit pas à faire un bon roman, celui-là est mené par l’auteur avec cohérence et un certain réalisme, du moins tant qu’il s’agit de déceler la pathologie de Mallory, en décryptant avec lui les indices relevés par le jeune narrateur. Le dénouement est évidemment bien trop optimiste en regard de la gravité de cette maladie mais les personnages sont crédibles. Le premier mérite d’Ennemis intimes est de mettre en lumière un phénomène moins souvent traité que les troubles alimentaires ou les tentatives de suicides chez les adolescents. L’autre, et non des moindres, est de souligner la difficulté d’accompagner des personnes souffrant de ce type de pathologie. Un adolescent, même animé de tout l’amour du monde, ne peut à lui seul la combattre, elle nécessite l’intervention d’adultes et de professionnels. Un roman utile et nécessaire.

Marie H.