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« Au galop sur les vagues » de Ahmed Kalouaz

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Au galop sur les vagues

Ahmed Kalouaz

Editions Le Rouergue – Collection Dacodac

Julie déménage encore. Depuis sa naissance, le métier de son père les fait voyager à travers la France et cette fois, c’est en Bretagne qu’elle va entamer la prochaine année scolaire. Pas n’importe laquelle, la sixième. Avec l’appréhension de ne connaître personne et la sensation, une fois encore, de tout recommencer à zéro. Ils s’installent de plus dans un charmant petit hameau dont ils sont les seuls habitants, à l’exception d’un vieil homme solitaire. Mais Armand Le Berre possède un cheval, Bilto, qu’il entraîne régulièrement sur la plage pour la course annuelle de l’hippodrome de Plouescat. Et Julie est justement passionnée d’équitation. Une amitié très tendre lie lentement le vieil homme, la fillette et le cheval. Aussi, lorsque Julie trouve la maison fermée et le cheval laissé à l’attache sans soins, elle s’inquiète tout de suite. Effectivement, Armand a été victime d’un accident et il est hospitalisé pour une longue période. Julie décide alors de prendre en charge l’entretien de Bilto mais un neveu dénué de scrupules décide de vendre l’animal à un équarrisseur. Commence alors un dangereux jeu de cache-cache. En toute illégalité, Julie va multiplier mensonges et manœuvres pour sauver le cheval d’une fin affreuse autant que pour garder au vieil homme une de ses dernières raisons de vivre.

Même s’il existe quelques invraisemblances dans le déroulement des péripéties, le lien qui se noue entre le vieil homme et l’enfant, tout comme la détermination dont elle fait preuve pour sauver l’animal, emportent l’adhésion et toucheront tous les jeunes lecteurs. La trame fictionnelle permet de camper les personnages dans des valeurs humaines bien établies, la solidarité, le courage et la fidélité s’opposant à la cupidité, l’égoïsme et la malhonnêteté. Car il existe un parallèle évident entre cet homme en fin de vie, privé de famille et impuissant dès lors qu’il est hospitalisé, et son cheval, trop vieux pour valoir autre chose que le prix de sa viande.

Il se dégage de ce petit roman de seulement 150 pages un charme presque suranné tant son rythme est paisible. Comportant de nombreuses descriptions qui nous font partager la beauté des paysages bretons, son écriture est exigeante et son vocabulaire soutenu. Ahmed Kalouaz a manifestement voulu nous faire partager son amour de la nature et des plaisirs simples. Il y parvient sans peine, par le biais d’une histoire touchante et porteuse de valeurs fortes.

Marie H.

« Mon arbre » de Séverine Gauthier

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Mon arbre

Scénario de Séverine Gauthier, dessin de Thomas Labourot

Couleur de Christian Lerolle

Editions Delcourt jeunesse

Une histoire d’amour entre une petite fille et un arbre, est-ce si incroyable ?

Laurine a grandi à l’ombre d’un géant bienveillant qui lui lit des histoires et recueille ses confidences. Elle n’a pas d’ami plus précieux et sa vie est intimement liée à la sienne. Aussi, lorsqu’elle comprend qu’il doit être abattu, fait-elle tout son possible pour empêcher qu’on le détruise. Mais elle n’est qu’une enfant et personne ne peut éviter le drame. Avant de lui dire adieu, l’arbre lui promet de revenir en lui confiant l’un de ses glands à planter. Il faut beaucoup de patience pour que la jeune pousse devienne assez forte et puisse à nouveau communiquer avec elle. Et c’est alors l’enfant qui doit partir, promettant à son tour de revenir un jour.

Cette histoire, faite de deuil et de séparation, pourrait être infiniment triste. Difficile d’imaginer combien l’abattage d’un arbre peut-être poignant avant d’avoir partagé la peur, l’impuissance et le désespoir de Laurine, puis son attente et sa joie à la vue de la fragile petite pousse qui apparaît. Car cette histoire est également celle de l’espoir, de la renaissance et de la fidélité.

Servie par un dessin rond et doux, sans aucune mièvrerie, un découpage sobre mais habile, et une très belle harmonie colorée, dans une gamme de verts et de bleus qui se marie à merveille au trait délicat de Thomas Labourot, Séverine Gauthier nous emmène au cœur du difficile apprentissage de la vie. Loin de céder à la facilité d’un dénouement heureux, elle nous dit que si l ’amour est constamment menacé par la cruauté de la réalité, il peut toujours être sauvé par sa constance malgré les épreuves. Bouleversant et indispensable.

Marie H.