Les aventures de Huckleberry Finn
Texte d’Antonio Tettamanti d’après l’œuvre de Mark Twain
Traduit de l’Italien par Diane Ménard
Dessins de Lorenzo Mattotti mis en couleurs par Céline Puthier
Editions Gallimard – Collection Fétiche
Un bref résumé de ce qui précède cette histoire, fait par notre personnage principal lui-même, » sans menteries mais avec quelques exagérations, bien sûr « , renvoie aux Aventures de Tom Sawyer et revendique sa filiation. Dès les premières vignettes, le trait de Mattotti s’impose comme une évidence dans l’univers de Mark Twain, avec ses personnages aux visages cabossés et leurs expressions criantes de vérité, la peur, le désespoir, l’affolement, l’hilarité, l’indignation, la colère… La vie, telle qu’elle était en ce temps-là. Dure pour les pauvres, cruelle pour les noirs, impitoyable pour les esclaves en fuite. La cavale d’Huckleberry et de son ami Jim nous fait voyager dans le sud des Etats-Unis à la fin du XIXème siècle et découvrir une société ravagée par la misère.
Si le découpage et la structure narrative restent classiques, en quatre bandes sur double page mises en valeur par un beau format à l’italienne, le dessin est d’une extraordinaire liberté. Amples panoramas d’une grande puissance évocatrice, gros plans sur des visages déformés par la peur, la haine ou l’hilarité, réalisme des attitudes et des mouvements, il insuffle une étonnante énergie à chacun des personnages et nous emporte dans un quotidien solidement documenté. Les hommes, sales et hirsutes, sentent l’alcool et la sueur. La pluie imprègne les paysages, la boue alourdit les chaussures. Le Mississipi, charriant sur ses eaux déchets, gigantesques vapeurs et radeaux de fortune, impose sa présence. Dans cette atmosphère de misère, les moments de joie éclatent, rares, fugaces et d’autant plus intenses. Un repas partagé autour d’un feu de camp, un air de banjo, une crise de fou rire et par dessus tout, le bonheur de disposer de sa vie comme on l’entend, en savourant le moindre instant d’une liberté toujours menacée.
Lorenzo Mattotti a réalisé cette œuvre de commande au tout début de sa carrière de dessinateur. Initialement conçue en noir et blanc, la mise en couleur, réalisée sur ordinateur par Céline Puthier, évoque les photos anciennes dans une gamme de tons terre, ciel et eau, et teinte l’ensemble d’une note nostalgique. Cette première publication en France nous offre une vision très personnelle de l’œuvre de Mark Twain. Elle donnera peut-être aux jeunes lecteurs l’envie de se plonger dans ces grands classiques de la littérature mais, surtout, leur permettra de découvrir le talent magistral de Lorenzo Mattotti.
Marie H.
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