« Nox » d’Yves Grevet

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Tome 01 : Ici-bas

Tome 02 : Ailleurs

Yves Grevet

Editions Syros

Lucen est un des innombrables habitants de la ville basse, altitude 410, donc encore loin des moincents mais assez bas tout de même pour n’avoir jamais vu la lumière du soleil, si elle existe encore. Il vit comme ses semblables dans des conditions d’autant plus pénibles qu’à l’obscurité de la nox, générée par un brouillard épais qui jamais ne se dissipe, s’ajoute la pénurie d’énergie, qu’il faut combler en pédalant durant chaque moment libre. Sans compter la suspicion du chef local de la milice, qui est pourtant le père d’un de ses meilleurs amis. Ou peut-être à cause de cette amitié ? Amitié menacée car en grandissant, tout change, y compris le regard que l’on porte sur des règles qui ont jusqu’alors régi le quotidien sans qu’on y réfléchisse. Tout le monde n’a pas le même statut dans cette société, et il faut accepter sa condition sans état d’âme « …parce qu’un monde où personne ne désire la place de l’autre est un monde sans conflit ». Exercer le même métier que son père, enfanter dès la puberté pour compenser le taux de mortalité galopant, travailler, pédaler, obéir et rester à sa place, voilà le destin de ceux d’en-bas. Mais que ce passe-t-il quand deux mondes opposés se rencontrent ? Car il existe un monde au-dessus de la nox…

Yves Grevet nous entraîne une fois de plus dans un univers totalitaire, basé sur la ségrégation et l’exploitation des plus pauvre, et s’il n’a plus rien à prouver, il nous épate encore. L’univers de Nox est peut-être moins intrigant que celui de Méto, série devenue culte à juste titre, mais la magie de son écriture fonctionne toujours aussi bien. En compagnie de personnages solidement construits, aux psychologies fines et complexes, avec des dialogues vifs et justes, le récit fait alterner les points de vue de différents narrateurs et nous entraîne dans deux mondes soigneusement cloisonnés. Si le rythme soutenu de la narration privilégie l’action et le suspense, la réflexion n’est jamais loin et conditionne l’évolution de chacun des personnages. Qu’ils soient tentés par la rébellion ou pour par la soumission au système, tout choix suppose un abandon, une trahison ou une perte. Passionnant et bien plus sérieux qu’il n’y parait.

Marie H.

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