« Carbon Diaries 2015 » de Saci Lloyd

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carbonCarbon Diaries 2015 : le journal de Laura Brown

Saci Lloyd

Traduit de l’anglais (Grande Bretagne) par Sylvie Denis

Editions Pocket jeunesse

La qualification d’aventures tragi-comiques, avancée en quatrième de couverture, est une juste définition du registre. La forme, un journal intime tenu sur un an, et le ton adopté, léger et caustique, rappellent le meilleur du genre depuis Gloria Nicolson. Mais la fiction aborde des sujets plus graves que des parents à coté de la plaque, une sœur odieuse ou d’insupportables incertitudes sentimentales. Car le quotidien de Laura va se dérégler en profondeur et de façon brutale. Si le titre, Carbon diaries, peut sembler mystérieux, un article de journal, officiel celui-ci , nous éclaire tout de suite : « 08/01/2015 – Le Royaume-Uni va commencer à réduire de 60% ses émissions de carbone… Carte de rationnement obligatoire pour tous les citoyens, limitée à 200 points par mois… » 

Pollution et pénurie des ressources énergétiques obligent, tout le pays entre en période test. Ce qui s’annonçait difficile devient une véritable catastrophe quand le dérèglement climatique se traduit par une vague de froid exceptionnelle, suivie par une période de chaleur plus meurtrière encore. Bientôt, en toile de fond du journal de Laura, nous verrons des centaines de milliers de personnes devenir brutalement sans-abri, une partie de l’Europe livrée à de gigantesques incendies que personne ne peut plus contenir, les inondations succéder aux sécheresses, les personnes âgées ou fragiles mourir par milliers. Pendant ces évènements, Laura, elle, se préoccupe de la survie de son groupe electropunk et de son coût exorbitant en points carbone. Ainsi que de mettre en place avec son voisin Kevin un groupe de « Carbon Dating », les règles de drague se trouvant totalement bouleversées en ces temps de restriction. Et tandis que son père déboussolé se reconvertit en jardinier urbain avec un louable optimisme (c’est un moindre mal, d’autres virent aux fanatiques religieux homophobes), Laura essaye juste de vivre sa vie d’adolescente.

C’est aussi drôle que terrible, le suspense est souvent haletant et si Laura nous emporte sans effort dans les rebondissements de sa vie familiale et sentimentale, les sujets de réflexion générés par l’anticipation ne manquent pas. Le fond et la forme s’épousent parfaitement et on en redemande, ce qui tombe bien puisque Carbone Diaries 2017 est annoncé pour bientôt.

Marie H.

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