Le Petit Chaperon rouge
Texte de Charles Perrault
Illustré par Clémentine Sourdais
Un nouveau Petit Chaperon rouge est toujours objet de curiosité : si le texte ne peut plus nous surprendre (par cœur, à force, mais on ne se lasse pas du : C’est pour mieux te manger, mon enfant…), c’est du coté de l’illustration que se porte toute notre attention. Clémentine Sourdais se lance ici dans un exercice périlleux en se confrontant aux plus grands noms, et nous avons tous notre Chaperon préféré (personnellement, c’est celui d’Ilya Green, avec ses belles joues rouges).
Mais ce livre accordéon de petit format, avec ses découpes qui mettent en valeur un trait rond et ferme, jouant sur l’opposition tonique d’une quadrichromie en beaux à plat noir, blanc, rouge et gris, est une franche réussite et mérite sa place dans une collection sélective. L’illustratrice a le sens des lignes, des contrastes, de la composition dans le cadre et de la mise en scène. Qu’il s’agisse d’un simple paysage ou d’une scène choc, comme le loup dévorant la grand-mère, le même soin est apporté à chaque image. Attention, il s’agit de la version cruelle (mais les enfants adorent…), Mère-grand et Chaperon sont irrémédiablement dévorées, pas l’ombre d’un chasseur pour y remédier. Le texte est celui de Perrault, accompagné de sa moralité, où il est bien dit que « tous les loups ne sont pas de la même sorte…« .
Petit plus, et pas des moindre, l’envers du livre est uniformément noir et raconte la même histoire, encore plus inquiétante muette et privée de ses couleurs. Il est également possible (et même recommandé, pour tout dire) de projeter chaque scène en ombre chinoises sur un mur blanc. Succès garanti !
Un grand bravo à Clémentine Sourdais pour ce très beau petit objet que l’on a immédiatement envie d’offrir en ces périodes de fête !
Marie H.
Lecture jeunesse 83 