Illustrations de Benjamin Rabier
Editions Taillandier
J’ai rêvé toute mon enfance devant la bibliothèque de mon grand-père en espérant qu’un jour, on me permettrait de feuilleter toute seule les ouvrages illustrés par Benjamin Rabier. C’était une époque où l’on considérait encore le livre comme un objet précieux, trop précieux en tout cas pour l’abandonner aux petites mains. Derrière les portes vitrées fermées à clef, il y avait l’intégrale des Fables de La Fontaine, plusieurs titres de Gédéon et surtout, le Roman de Renart.
On m’avait bien sûr lu la pêche d’Ysengrin, le fromage de Tiercelin et autres épisodes incontournables et je possédais même une version illustrée par Samivel (qui est loin d’être la pire). Mais c’étaient les illustrations de Benjamin Rabier qui me fascinaient, par ses couleurs d’abord, de douces harmonies tout en nuances qui donnent cette atmosphère si particulière aux décors et savent si bien, par le jeu des contrastes, faire ressortit les éléments importants d’une scène. Et puis la grande netteté du dessin, la richesse des détails et l’expressivité des personnages. Qu’il soit chat, ours, renard, corbeau, lion ou modeste rongeur, loup ou simple volaille, chacun d’eux existe et sa physionomie en dit long sur sa nature. Le bestiaire de Benjamin Rabier reste pour moi indissociable de l’enfance et nombreux sont les illustrateurs contemporains chez lesquels nous retrouvons son influence, car il reste indéniablement le plus grand dessinateur animalier de tous les temps.
J’ai fini par me voir offrir ce Roman du Renard, bien longtemps plus tard, réédité par Taillandier en 2004 avec un grand respect de la composition d’origine (médaillons, frises et vignettes noir & blanc dans le texte ainsi que 25 pleine page en couleur, 305 illustrations au total !!!), et il fait partie des lectures que je propose en priorité aux enfants qui passent.
Marie H.