Tome 1 de la trilogie « Le livre des origines »
John Stephens
Traduit de l’américain par Natalie Zimmermann
Editions Milan
Voilà 440 pages bien ficelées et offrant tout ce qu’on est en droit d’attendre dans le genre fantaisy, soit une fratrie, Kate, Michael et Emma, arrachée à ses parents un soir de Noël et traînée d’orphelinat en orphelinat dix longues années, pour échouer enfin sur une île inquiétante dans le manoir du très étrange docteur Pym. Les enfants découvrent un livre qui a le pouvoir de les transporter dans le passé et se confrontent alors au mal, représenté dans ce volume par la très belle et très cruelle Comtesse et son armée de morts-vivants, les Hurleurs. Si l’intrigue peine à se mettre en place, le rythme s’accélère dès l’introduction de la magie et l’entrée en scène des méchants de l’histoire. Les Hurleurs manquent un peu de consistance (personne ne pourra jamais oublier les détraqueurs de J. K. Rowling et force est de constater que ces Hurleurs font les frais de la comparaison) mais la Comtesse arrive à être convaincante dans son rôle.
Construite suivant les règles des produits cinématographiques d’aujourd’hui (l’auteur a d’abord travaillé 10 ans pour la télévision américaine comme scénariste et producteur de séries à succès), la fin de ce premier volume remplit son contrat et maintient honorablement le suspense : accélération de l’action, nombreuses vies innocentes en danger, bête monstrueuse sortant de son antre, montage parallèle, très cinématographique lui aussi, focalisé sur chacun des trois enfants, brève apparition du véritable méchant de l’histoire, celui que nous retrouverons immanquablement dans les deux prochain volumes… Le tout est parfaitement rodé et se lit sans déplaisir mais sans grande surprise non plus. Les personnages sont tous très prévisibles et vous reviennent, par-ci par-là, des souvenirs d’une certaine Lyra ou des orphelins Baudelaire, tandis que des répliques très « dialogue de film » introduisent de l’humour dans les situations les plus périlleuses, comme s’il fallait tenir la peur et l’émotion à distance. L’empathie en souffre, tout cela manque d’âme et il n’en reste pas grand-chose une fois le livre refermé si ce n’est, tout de même, une utilisation assez judicieuse du voyage dans le passé et du paradoxe temporel. Un bon produit commercial qui n’apporte rien de bien nouveau au genre mais a été sélectionné par les Incorruptibles cette année, catégorie 5ème/4ème.
Pour vous faire une idée par vous même, le prologue est en ligne sur le site (parfait exemple d’habillage marketing):
Marie H.