« Broken glass » de Sally Grindley

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Broken glass

Sally Grindley

Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Laurence Kiéfé

Editions Flammarion – Collection Tribal

Les broken glass du titre, ce sont les morceaux de verre que ramassent les enfants abandonnés ou orphelins dans les montagnes d’ordures qui jonchent les rues et encerclent les grandes métropoles de l’Inde contemporaine.

Suresh, douze ans, et son jeune frère Sandeep, neuf ans, forment avec leur père, leur mère et leur grand-mère une famille traditionnelle et heureuse. S’ils ne font pas partie des privilégiés, ils appartiennent à la classe moyenne, se régalent de la cuisine maternelle, bénéficient de soins médicaux réguliers et surtout, vont à l’école  de façon assidue. Ils ont d’ailleurs appris à mépriser ces enfants déguenillés qui passent leur temps à jouer dans la rue de leur village au lieu de préparer leur avenir en travaillant dur. Mais leur père est brutalement licencié. Déjà ébranlé par la mort de sa mère, il se met à boire, devient violent et accuse les siens d’être une charge trop lourde, rendant l’atmosphère familiale insupportable. Convaincu qu’ils sont responsables de la situation, Suresh décide de partir avec son frère dans une grande ville où il trouvera, il n’en doute pas une seconde, un travail qui lui permettra de faire venir leur mère pour la soustraire aux coups de son mari. La première partie du projet aboutit et les voilà, au terme d’un voyage hasardeux qui leur fait découvrir la faim et le froid, arrivés dans une vraie grande ville. C’est alors que la réalité frappe de plein fouet, impitoyable. Ils sont des centaines à glaner, chaparder ou accepter des trafics douteux pour survivre. Même les plus dangereux ou rebutants des petits boulots se disputent âprement. Le moindre recoin constituant un abri de fortune fait l’objet de féroces combats. Il faut appartenir à une bande, seul le nombre permet de s’en sortir. Grâce à Vikas, un gamin débrouillard très au fait des règles de la rue, Suresh et Sandeep commenceront au bas de l’échelle du ramassage, dans le tri des morceaux de verre. Un travail harassant et risqué qui leur permet à peine de se nourrir. Dans leur terrible apprentissage de la rue, les deux frères auront la chance de rencontrer les bonnes personnes. La fin, digne d’un roman de Dickens, est d’ailleurs hautement improbable. Mais peu importe, le récit est saisissant et certaines scènes ont une grande force visuelle.

Marie H.

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