« le bus de Rosa » de Fabrizio Silei

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Le bus de Rosa

de Fabrizio Silei, illustrations de Maurizio A. C. Quarello

éd. Sarbacane, 2012

Le grand-père de Ben lui avait promis depuis longtemps de l’emmener à Détroit pour « lui montrer quelque chose ». Mais lorsqu’ils arrivent à l’entrée du Henry Ford Museum, Ben est d’abord plutôt déçu : avoir tant attendu juste pour aller voir des vieilles voitures ! Et puis, quand son grand-père s’arrête plein d’admiration devant un vieux bus jaune pour lui sans intérêt, Ben commence à se demander si le vieil homme n’est pas en train de devenir complètement sénile.

Mais c’est là que commence vraiment l’histoire : le bus est en fait, vous l’aurez compris, celui dans lequel Rosa Parks a refusé de se soumettre à la loi des Blancs. Et le grand-père de Ben avait besoin d’y emmener son petit fils pour lui raconter la ségrégation des Noirs en Amérique : il lui raconte leurs conditions de vie dans une Amérique raciste, -même si « parmi les Blancs, certains étaient gentils et nous laissaient même des pourboires, mais la plupart nous traitaient comme des esclaves »-, les humiliations subies quotidiennement, et surtout les cicatrices d’un de ses collègues qui s’étant rebellé une fois, avait subi les représailles musclées du Ku Klux Klan, et servait désormais d’exemple pour que les autres restent tranquilles.

Il se trouve qu’il était assis à côté de Rosa Parks, ce jour-là, et a assisté à toute la scène. Et, conscient qu’il est important de transmettre cette histoire à son petit-fils, le vieil homme n’hésite pas à admettre sa lâcheté de l’époque, puisque, non seulement il s’est levé, lui, pour laisser sa place à un Blanc, mais en plus, il a essayé de décider Rosa Parks d’en faire autant, pour éviter les ennuis. Il raconte sa peur, mais surtout le courage de cette femme qui n’a pas cédé, jusqu’au bout, et qui a été le point de départ de l’insurrection déterminée de toute la population noire, qui ont lutté contre ces lois absurdes et injustes, jusqu’à obtenir leur abolition.

Aujourd’hui ce grand-père sait que c’est elle qui a eu raison, car même si le temps a été long pour changer les mentalités, aujourd’hui, malgré les réticences encore bien ancrées, ce geste courageux de Rosa Parks a permis, plus de 50 ans plus tard, l’élection d’un président noir aux Etats-Unis, chose impensable à l’époque. Et c’est ce qu’il désirait transmettre à son petit-fils.

Judith O.

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