Ed Casterman, 2011.
Marie a 16 ans. Elle vit seule avec sa mère qui refuse de lui raconter son histoire. La seule chose qu’elle connaisse est l’origine népalaise de sa mère. La moindre question rend sa mère fuyante… mais Marie veut savoir. Un jour, « un type au pull rouge » l’aborde. Il prétend être le mari de sa grand-mère. Il lui apprend sa mort et lui remet un carnet rouge. Ce carnet détient la vérité… Marie va alors découvrir qui était vraiment cette femme et comprendre pourquoi sa mère refuse de reconnaître son existence.
« Le carnet rouge » est un roman a deux voix : d’une part celle de Marie, jeune adolescente qui est à la recherche de son identité, et d’autre part le témoignage écrit de sa grand-mère. Marie va découvrir (le lecteur aussi) un univers méconnu : le carnet rouge débute ainsi « Je suis Sajani Shakya, douzième kumari royale de Katmandou. Et quoi qu’il se passe, je le resterai toute ma vie. ».
A travers le récit de Sajani, nous partons à la découverte d’une tradition bouddhiste : les Kumaris (déesse vivante vénérée jusqu’à l’apparition de leur premières règles). Des petites filles, dès 4 ans, sont choisies parmi des milliers de candidates « Je présentais les trente-deux critères de Bouddha et mon horoscope correspondait exactement à celui du roi… ». Elles ne doivent pas marcher sur le sol, considéré comme impur, ne doivent s’habiller que de rouge, symbole des déesses, et porter toujours une parure constituée du collier du cobra (symbole), d’un trait au khôl noir, qui selon la tradition éloignerait les démons. Le moindre de leurs gestes est observé et analysé, de ce fait, elles ne montrent que très rarement leurs émotions. Un sourire, ou des pleurs sont considérés comme de mauvais présages. Dès leurs premières règles, elles ne sont plus considérées comme déesses et retournent à une existence normale. Mais comment s’en sortir lorsqu’on a été vénérée et choyer toute sa vie et que d’un seul coup on se retrouve dans la rue sans repères, sans éducation ?
« Le carnet rouge » est un petit roman passionnant, qui se lit très vite. L’écriture d’Anne Lise Heurtier est simple sans fioriture. On se cultive, on est ému, on s’évade. Un roman plein de fraicheur, un vrai petit régal de lecture !
Laurence P.
A mettre en lien avec le très joli roman d’Irène Cohen-Janca, « Quand j’étais déesse », qui traite exactement le même sujet avec beaucoup de sensibilité mais vise des lecteurs sans doute un peu plus jeunes. Dès que j’ai un moment, je teste celui-ci, merci Laurence!
c’est un livre super, a mettre absolument entre toutes les mains, bravo à l’auteure.