« Arrête de mourir » d’Irène Cohen-Janca

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Arrête de mourir

Irène Cohen-Janca

Actes Sud junior, 2011, collection «  D’une seule voix »

 La chanson de William Sheller est une de celle que la mère de Samuel préfère :

 « Maman est folle

On n’y peut rien

Mais ce qui nous console

C’est qu’elle nous aime bien… »

Un présage ?…

Samuel ne reconnaît plus sa mère. Son comportement a changé. Elle semble devenir folle, utilise continuellement  des post- it  pour des choses évidentes ! : «  Argent : deuxième tiroir commode. Moutarde : placard droit. Chocolat : cagibi. Factures : meuble télé. ». Jusqu’à la vérité…fatale… La mère de Samuel souffre d’un mal irréparable : la maladie d’Alzheimer : «  Tu vas mourir un peu chaque jour. »

Ce livre est un cri d’amour d’un fils pour sa mère. Les souvenirs remontent, empreints de tendresse : «  Pourtant je te revois encore… ton large sourire… tes questions… Ta patience…Ta douceur… »

Comment  réagir face  à cette fatalité ? A part crier sa colère, son incompréhension … :

« On m’a juste enlevé ma mère. Ma mère, douce, patiente, aimante, pour la remplacer par une folle, une agitée du bocal, une inconnue complètement déjantée, bourrée de haine comme un tonneau d’explosifs. »

« Plus de gardien de notre enfance ni de nos vies.

La gardienne est folle et notre enfance enterrée. Plus de consolation.

De quelle faute nous punis-tu ?

Tu t’éloignes, en abandonnant ton corps comme une dépouille vivante que tu n’habites plus….

C’est quoi ce bordel, ce désordre, ce foutoir où les mères retombent en enfance alors que leurs enfants en sont à peine sortis ?

Je te hais.

Je hais le monde entier.

Comment as-tu pu devenir une menace, toi qui étais le rempart, l’abri. »

…Sa souffrance, son désespoir : «  Le toubib a dit que tu oublierais tout.

Même nos noms. 

J’AIME MIEUX QUE TU CREVES AVANT D’OUBLIER MON NOM ».

Ce roman fidèle à la ligne éditoriale de la collection «  D’une seule voix » se lit d’un seul souffle. L’écriture d’Irène Cohen-Janca est vive, directe comme pour mieux répercuter toute cette rancune, ce désespoir que Samuel ressent face à cette injustice que lui fait la vie. L’émotion est présente du début jusqu’à la fin. Le lecteur aura du mal à retenir ses larmes… Un beau roman d’amour…

Laurence P.

À propos de Lj83

Lecture jeunesse 83, le blog des bibliothécaires jeunesse du Var. Leurs coups de coeur, leurs actions et animations autour du livre et de la lecture.

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