Traduit de l’anglais par Frédérique Pressman
Editions Ecole des loisirs – Collection Médium
La Plus Petite apprend à collecter, sous l’œil sévère de Tatillonne, une formatrice bien trop peu patiente pour son insatiable curiosité. Dernière née du Tas, La Plus Petite n’a pas encore de nom et n’est qu’au tout début de son apprentissage, la collecte des souvenirs heureux que recèlent les objets. Ces fragments d’histoires nourriront plus tard, lorsqu’elle sera prête, l’Octroi, rêve que les passeurs sont chargés d’offrir aux humains pendant leur sommeil. Cette mission exige délicatesse et discernement. Fondamentalement bienfaisante, elle a pour fonction d’apaiser les angoisses, consoler les peines, réparer les traumatismes et fortifier les âmes pour les lendemains difficiles.
La Plus Petite débute sa carrière dans une vieille maison où les souvenirs sont nombreux et faciles à appréhender, mais la femme âgée qui y vit reçoit bientôt en placement un enfant habité par la peur, le chagrin et la colère. Son bagage contient bien peu de choses et les souvenirs heureux en sont presque absents. Lorsque les Saboteurs faiseurs de cauchemars menacent d’envahir la maison, Plus Petite va devoir sauter les étapes de sa formation, imaginer des solutions d’urgence et même enfreindre quelques unes des lois sacrées des siens. Grâce aux rêves qu’elle saura fabriquer pour protéger l’enfant, mais aussi pour donner à la vieille femme le courage de l’aider, cette période périlleuse aura une fin heureuse et elle y gagnera son nom, Fil de soie.
Loïs Lowry n’est jamais aussi inventive que dans les univers à la lisière de la réalité. L’Elue, Messager et Le Passeur, anticipations destinées aux adolescents, étaient de grandes réussites. Passeuse de rêves s’adresse à de plus jeunes enfants, 150 pages seulement sur un filigrane d’histoire, où le merveilleux côtoie la maltraitance et la détresse, et qui utilise la part mystérieuse du travail onirique pour nous offrir un monde de délicatesse et de poésie. Ces minuscules créatures se faufilant dans nos maisons pour alléger nos cœurs sont une bien jolie trouvaille, jolie comme la rosée sur une toile d’araignée dans les premiers rayons du soleil.
Marie H.