« L’art au zoo: un bestiaire insolite à découvrir » de Sonia Chaine

L’art au zoo, un bestiaire insolite à découvrir

Sonia Chaine

Ed Milan jeunesse

Dans ce bel album à l’italienne, Sonia Chaine nous propose de découvrir la façon dont les animaux sont représentés dans l’art à travers les âges et les cultures.

En juxtaposant des artistes aussi différents que Rodin, Koons, Dürer ou Brancusi, en effaçant la distance entre les siècles, en visitant les cultures africaines, asiatiques ou amérindiennes, elle offre au regard un éventail riche et varié autour de onze animaux. Les œuvres sont choisies et présentées avec beaucoup de pertinence, mettant visuellement avec une grande efficacité l’infinie diversité de la création artistique sur un thème commun. Le bélier, par exemple, donne l’occasion de comparer le rendu saisissant de la peinture documentaire d’Horace Vernet, la stylisation inventive d’un masque africain du XIXème siècle, la richesse de la décoration d’une momie égyptienne vieille de plusieurs millénaires et le réalisme dérangeant de la tête de mouton écorchée de Goya.

Des volets à déplier permettent aux reproductions de conserver une dimension confortable et la sobriété de la mise en page, laissant une large place au fond blanc, les fait ressortir avec beaucoup de précision. Les textes, quant à eux, sont une bonne surprise. Loin de toute redondance anecdotique, comme on peut trop souvent le déplorer dans ce type d’ouvrages destinés aux plus jeunes, ils apportent réellement un contenu à l’image. Titres, dates, origines géographiques et techniques sont complétés par quelques phrases qui incitent très simplement le lecteur à regarder ce qui fait la particularité de l’œuvre : la façon dont l’artiste a mis en valeur  une qualité propre à l’animal (l’éléphant d’Antoine Louis Barye), son importance symbolique dans une culture particulière (le tigre dans l’imaginaire coréen), ce que son créateur a voulu signifier en le représentant à sa manière (le crocodile de Richard Orlinski) ou comment il l’utilise pour enrichir son univers personnel (le lion de Magritte).

 En 42 pages seulement, voilà une promenade dans l’histoire de l’art qui ouvre l’esprit et le regard à la différence, favorise l’observation par le jeu de la comparaison, suscite la curiosité et stimule la réflexion. Il permet en outre de souligner la place que l’animal a toujours occupée dans l’imaginaire des hommes comme dans leurs vies et de questionner celle qu’il a aujourd’hui.

Petit plus appréciable, la dernière double page précise les dimensions des œuvres et donne les sites Internet des musées où elles sont exposées.

Marie H.